vendredi 15 juin 2012

Robinsonnade VI: Soi-même comme 10.

Une autre question: pourquoi TEN? Pourquoi 10? Pourquoi y a-t-il dix doubles, ou clones?
Plusieurs possibilités: 
10 représente les 10 doigts des 2 mains.
10 représente la perfection dans la culture anglo-saxonne.
10 vient après 9. 9 est le nombre de l’homme dans l’imaginaire apocalyptique. Comme un au-delà de l’homme. 10 renvoie aux Commandements ou aux plaies d’Egypte.
10 relève de ce qu’on appelle l’algèbre de position, c’est-à-dire que l’on amorce une nouvelle série à partir du 1 en y apposant un 0. 1 et 0. Nietzsche, Crépuscule des Idoles: « Comment? Tu cherches à te multiplier par dix, par cent? Tu cherches des disciples? Alors cherche des zéros! » Le zéro constituant ici l’aliénation du disciple, le dix de Goldbach renverrait à ses clones comme de pures aliénations. Pures aliénations (alliées nations?) qui ressemblent en tous points à leur modèle.
Ressemblance parfaite (dix comme perfection) en sorte qu’on ne peut plus distinguer le modèle des copies. En sorte qu’il n’y a plus que des modèles, ou plus que des copies. Ou bien… ou bien. Et l’on tombe dans un manichéisme, où tout est soit noir soit blanc. Il n’y a pas d’entre-deux, il n’y a pas de différence quantitative, mais qualitative. Ou tout l’un, ou tout l’autre. Mais ces deux touts ne peuvent cohabiter que dans l’espace déployé par Niklas Goldbach. Et cet espace lui-même ne peut se déployer qu’à partir de 10, qu’à partir du moment où au 1 est adjoint un zéro, c’est-à-dire l’aliénation. Et par un effet de retournement (le retournement hégélien qui fait que le maître devient lui-même dépendant de l’esclave, a besoin de lui, de son travail - maîtrise devient méprise, et, oh! quelle méprise! on confond esclave et maître) il n’y a plus qu’un indécidable: ou ce sont tous des 1, ou tous des zéros.

TEN dit au fond la même chose que Ferdinand, dans Pierrot le Fou, à Marianne, alors qu‘ils vivent comme deux Robinsons: « avec toi, c’est pareil, sauf que c’est le contraire. » Avec TEN, c'est la même chose, sauf que c’est l’inverse.

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