mercredi 13 juin 2012

Robinsonnade IV – Soi-même comme réel.

Carte postale - "Robinson Crusoe Island, one of the best party islands in Fiji" selon Lonely Planet (sic)


Quelque chose de la question reste en suspens.

Ce quelque chose qui reste en suspens, c’est l’ensemble des possibles que la réponse n’élude pas. Au contraire, la réponse se donne comme un possible réalisé, mais toujours riche virtuellement des possibilités relevées par la question. Le possible réalisé, et par suite, la réalité devient riche (riche? Ou minée? Hantée?) de tous les possibles qu’elle contredit, ou interdit.
Le sentiment angoissant de Robinson résulte de la peur d’avouer, de concéder, que la réalité n’est pas une, et avec elle, que le sens n’est pas un, mais multiple, que l’Un, l’Être, puis le Soi, ne sont pas uns mais multiples.

Retour à Niklas Goldbach: Ten, comme dix fois lui - comme la victoire de la réalité triomphant de ses multiples comme autant d’identiques. Si elle ne peut réduire la virtualité des possibles, elle peut les mépriser (à défaut de les maîtriser) en niant leur différence. Il y a différents mondes possibles, mais ils sont tous identiques. Ou plutôt, la répétition identique chez Goldbach cristallise la tentative de la réalité de penser les autres mais toujours en se donnant à elle-même comme référent, c’est-à-dire, en niant son équi-vocité - en niant que sa voix ne vaut pas plus que celle des autres.

Paradoxalement, c’est niant l’égalité des autres dans la légitimité de leur différence, qu’elle les égalise. Il y a là quelque chose comme une tache aveugle (ou une tâche aveugle?)
Ce qui est encore plus paradoxal, c’est que c’est niant la contradiction que le paradoxe advient. Plus bêtement, la contradiction naît de la négation de la contradiction. Aboutissement dialectique de la contradiction, qui se résout en paradoxe.

Mais la négation de cette contradiction n’est possible qu’à partir du moment où l’on accepte qu’il s’agit bel et bien d’une contradiction. C’est la réalité elle-même qui s’estime contredite par l’ensemble des virtualités. Contredite, parce qu’elle vacille en tant que réalité, puisqu’elle s’imagine devoir rimer avec vérité. Et il ne peut y en avoir qu’une (comme les habitants des hauts pays). Il ne peut en rester qu’une.

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