jeudi 10 juin 2010

ENTROPIE 8 : Partition



vue de l'exposition (© Matthieu Gauchet)

Une exposition de vidéo doit se confronter à un certain nombre de problématiques. Notamment à celle du "parasitage" sonore d'une oeuvre à l'autre. Sauf à considérer, les sons comme les éléments d'une partition. En choisissant les vidéos de l'exposition, j'ai donc imaginé en premier lieu des couplages sonores qui correspondaient à certaines sensations sur lesquelles je voulais travailler ( la relation son organique / son mécanique - électronique, le surgissement sonore, la dématérialisation) Il a fallu ensuite confronter ces idées à l'espace de l'exposition, en abandonner certaines, en reconsidérer d'autres (et proposer enfin des films dans le cadre de projections plutôt que dans l'installation principale) Distribuées sur l'ensemble de l'exposition, ces sonorités confèrent une longueur - une distance de parcours - une profondeur à l'exposition. Entropie est aussi nourrie de l'idée d'une sensibilité à l'expérience urbaine qui nous confronte sens cesse non à des sensations singulières mais à une empilement de perceptions sonores et visuelles, proches et lointaines, dans lesquelles nous isolons, selon notre sensibilité, des motifs précis. En essayant d'éviter le brouhaha, j'ai été sensible à l'idée qu'on pouvait percevoir / apercevoir l'amorce d'une oeuvre à partir d'une autre. Construire des "boîtes" séparées pour chaque film aurait été au fond la solution de facilité mais avec l'inconvénient d'isoler chaque pièce, chaque propos. Penser sur le principe d'une partition globale a permis de garder plus de fluidité à l'exposition, de transmettre la sensation d'un propos global, traversant l'ensemble du parcours.

A la partition sonore est associée une partition lumineuse. On entre par le noir, dans cette idée de grotte comme lieu d'apparition de l'image, lieu de révélation. On finit de nouveau par un espace noir, lieu du rite cette fois-ci, de la danse. Entre les deux se déploie un espace plus claire, plus ouvert, où s'affichent des signes d'urbanité, la ville comme construction sociale, comme "civilisation", c'est-à-dire comme incarnation d'une rationalité qui s'opposerait à la pensée magique. La persistance -secrète- d'un espace de croyance, de magie, dans l'ordre de la société contemporaine est une idée qui m'a toujours beaucoup travaillé, sans doute à cause de ma filiation avec la culture Vaudou.

Exposition Entropie à l'Espace Khiasma - Les Lilas
du 2 juin au 2 juillet
Ouvert du mardi au samedi de 15h à 20h - Entrée Libre

> voir la bande-annonce

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire