lundi 22 novembre 2010

Avec ou sans Game, au-delà de / 1



J'écrivais, il n'y a pas si longtemps (ici) que la poésie de Jérôme Game était indissociable de sa scansion, de son art de l'insert, de la découpe de la lettre. Petite mécanique de précision qu'il fallait savoir entendre. Ce n'était pas un jeu, c'était mettre les organes dehors, mobiliser toutes les circulations du corps, les matières invisibles de l'anatomie et les regarder en train de faire ce qu'on entend ou bien essayer de les nommer en même temps qu'elles actionnent – en secret- ce qui est dit. Allez à la source de l'acte de dire -mécanique et symbolique en même temps, d'où l'embouteillage, d'où le trop-plein, le débordement, le besoin d'en sortir par blocs, de pousser tout ça dehors au plus vite, qu'on voit ce que c'est. Et en même temps, de l'épuiser à le dire, de le rendre mort et de sans cesse devoir le réanimer.

Over Game est une tentative, une forme au-delà de Game – mais avec sa complicité-, qui ouvre sa poésie dans l'espace et qui l'essaye à d'autres mécaniques. Bérengère Lebâcle est de celles-ci. Elle porte des extraits de « ça tire », y introduit sa voix – ou sa voix est introduite par ce texte car il y a clairement effraction quelque part. Ça tire donc, ça s'arrête près de la ligne, ça déclenche, ça creuse. C'est du Game sans Jerôme mais avec beaucoup d'autres corps vivants ou inertes.

Nous y voilà, l'espace est presque blanc, les peintres recouvrent les vestiges de l'instant d'avant. On va pouvoir commencer quelque chose qui n'a pas vraiment de début, ni de fin. On pense qu'il y aura une sourde idée de fête passée, des vestiges glacés, un désordre imperceptible des choses, un léger décadrage. Tout sera presque à sa place mais en mouvement, en train de glisser.

Over game du 30 novembre au 4 décembre à l'Espace Khiasma Une proposition artistique d'Alexis Fichet et Bérengère Lebâcle avec la collaboration d'Olivier Marboeuf et du Laboratoire Associatif d'Art & Botanique.
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