Etape de résidence de Sabine Massenet à l’Espace Khiasma
Mardi 16 février 2010 dans le cadre du festival Hors-Limites
Sabine Massenet (photographie Matthieu Gauchet)
Sabine Massenet n’est pas qu’une vidéaste talentueuse, c’est aussi une aventurière ! Si tant est qu’on considère comme une aventure toute tentative de rencontrer les autres par hasard et à ses risques et périls. Il faut dire que ça commence mal, très mal.Quand Sabine décide de monter sur le petit bateau d’un certain Giney Ayme (le bien connu éditeur d’Incidences), ce n’est pas pour discuter vidéo entre Marseille et les îles du Frioul. Durant la traversée, elle largue à pleines poignées une bonne centaine de cartes plastifiées avec son contact. A l’image d’un Kirk Douglas jetant les flacons pleins de messages pour se sauver du Nautilius, Sabine balance à la mer des messages à des inconnus. La suite est moins drôle. Les réactions ne se font pas attendre et la pollueuse se fait passer un savon par tout ce que le port de Marseille et des environs compte de protecteurs de la nature et de défenseurs de littoral. L’artiste en est quitte pour une séance de nettoyage et quelques remontrances. Elle fait le récit de cette aventure sans détour. Et c’est très drôle, il faut bien l’avouer. Jusqu’à ce jeune homme convaincu que c’est le message d’une californienne esseulée qu’il vient de ramasser et qui découvre son véritable auteur, l’air un peu dépité…
(photographie Matthieu Gauchet)
Cette savoureuse aventure marseillaise n’est que l’introduction à celle qui va se jouer en Seine-Saint-Denis. Sabine Massenet, avec la complicité des bibliothécaires, va déposer un bon millier de cartes dans des livres choisis au hasard dans les bibliothèques du département. Une image et un message énigmatiques « Si vous trouvez cette carte, contactez impérativement … » Tout droit sortie d’un film d’Hitchcock (auquel l’artiste fait clairement référence), cette « image trouvée » va rencontrer des personnalités inattendues avec lesquelles l’artiste entrera progressivement en contact. A partir de la question centrale du livre et de la lecture, elle construit une trame qui parle de l’enfance, des interdits, des lectures obligées ou encore de la transmission. Des dialogues qu’elle établit avec les lecteurs, elle tisse des récits possibles, des œuvres à venir dont la forme reste ouverte.
Vue de l'installation typographique des échanges de mails entre l'artiste et les lecteurs
(photographie Matthieu Gauchet)
Pour cette première présentation de résidence, elle a choisi le principe du récit à l’oral. Devant son Powerpoint qui alterne photos et extraits de films, elle déploie sa propre mémoire des images, l’empreinte intime de certaines séquences accompagnées des voix de ceux qu’elle a rencontrés ou de leurs témoignages lus par d’autres. Ce soir-là, tout est tenu par le fil de la voix, celle de Clotilde Ramondou arrive en contrepoint du récit de Sabine, avec des extraits de textes d’auteur. Là aussi le livre est au cœur de l’histoire, clef de voûte d’un monde de désir et de subversion. Avec l’air de ne pas y toucher, Sabine Massenet présente une forme plus complexe qu’il n’y paraît. Prétextant un travail en cours, elle se joue de l’esthétique de la conférence, du compte-rendu pour faire naître une forme de film polyphonique, léger et grave à la fois. Elle nous promet que ce n’est qu’une étape mais nous savons déjà que nous nous en rappellerons…
Clothilde Ramondou (photographie Matthieu Gauchet)
Sabine Massenet est accueillie en résidence à l'Espace Khiasma avec le soutien du Conseil général de la Seine-Saint-Denis. Avec le Concours de l’association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis et de l’ensemble des Bibliothèques du département.
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