mardi 5 mars 2013

Mandrake a disparu : l’illusion révélée

© Maïder Fortuné

Comme chez Claire Malrieux, il s’agit de voir ce qui n’est pas là, manière pour les artistes de parler autant des processus magiques qu’ils convoquent que de donner corps à un possible programme utopique.

Après « ma plaque sensible », l’exposition monographique de Simon Quéheillard présentée à Khiasma du 21 septembre au 17 novembre 2012, « Mandrake a disparu » poursuit une réflexion sur le régime d’apparition des images. Cette nouvelle exposition aborde le dispositif d’illusionnisme comme un système basé sur la croyance, la fabrication d’un moment collectif où le spectateur s’engage à voir et active ainsi l’apparition, de concert avec un artiste devenu opérateur-magicien. Chaque œuvre propose ainsi une expérience particulière du visible qui sollicite celui qui regarde dans sa capacité à faire exister des images. Badr El Hammami comme Alexander Schellow et Maïder Fortuné s’intéressent à la rémanence et à la dynamique de recomposition de la mémoire proposant de travailler l’idée même de projection qui place la question de l’apparition des images au cœur d’un jeu spéculatif, entre perception et connaissance. Leurs œuvres questionnent ici autant les dispositifs techniques de formation - de révélation - des images, que la capacité du public à les recevoir, les recomposer, les produire. Comme chez Claire Malrieux, il s’agit de voir ce qui n’est pas là, manière pour les artistes de parler autant des processus magiques qu’ils convoquent que de donner corps à un possible programme utopique.

Mais la magie et les illusions ainsi convoquées ne sont pas ici le fait d’un pouvoir particulier. Elles relèvent plus particulièrement d’un contexte de réception façonné par les œuvres, qu’il s’agisse d’invitations à s’installer dans une temporalité - Ismaïl Bahri, Badr El Hammami - à trouver une place, une distance particulières - Maïder Fortuné, Alexander Schellow -, ou à se plonger dans un faisceau de récits qui sans cesse déplace ce que nous voyons - Claire Malrieux, Julien Prévieux.

Alors que le travail de Julien Prévieux avec la BAC du 14ème arrondissement agit à rebours des autres œuvres de l’exposition pour déconstruire l’opacité d’un outil de simulation, il nous conduit au même endroit ; celui d’un enchantement qui n’est plus de l’ordre de la dissimulation mais de la possibilité de produire un espace de connivence qui permette à une image d’exister par delà son illusion révélée.

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