jeudi 31 mars 2011

ÉPOUSER STEPHEN KING 3


J'écris un côte à côte. Un tricot basique genre écharpe. La porte est ouverte. Cette compagnie exalte ma solitude. Mais ce n'est pas une retraite. Je suis plus qu'en maison de repos. Je travaille en comparaison constante. En couple. C'est être la proie. Consentante. D'un parallélisme. C'est tellement doux. Je tente la vie en couple tu vois. Avec le travail d'une autre. Et ça complique quand tu aménages chez l'autre avec des phrases courtes. Des moignons de discours. Qui embrassent tout. Sur une table pour poser peu. Genre petit jardin. J'inspecte respectueusement. En flexion. En extension. Je me laisse faire beaucoup. Genre carrefour. Modeste employée de 15h à 20h. J'ai toujours aimé le peu. Le petit. Le voisin. Le dehors. L'ici. Mon travail est un homme qui dit : Je suis amoureuse. Musique à fond. Jambes croisées. Il lit Claudel. Camille. Un don de Paul. Il corrige Proust avec Prout. Coeur petit petit. C'est mon frère petit petit. C'est mon père. C'est mon fils.


Barbara Manzetti
Mercredi 30 mars, lectures au domicile de Giuseppe Molino, qui donne sa contribution aux activations de Relectures.

Epouser Stephen King / activations du 5 au 10 avril à Khiasma (festival Relectures XI)


mercredi 30 mars 2011



Nous étions communistes raconte l'histoire de quatre amis (Hussein, Bachar, Ibrahim et Maher, le réalisateur) qui ont été membres du parti communistes libanais dans les années 80. Engagés dans la résistance contre l’occupation israélienne au Liban et dans la guerre civile, ils aspiraient à créer une société non confessionnelle, égalitaire et solidaire de la cause palestinienne.
Ils se retrouvent aujourd’hui, retournent sur les traces de leur histoire dans le parti et dans la guerre, sur leur désenchantement et leur échec, sur leurs tentatives de se positionner dans la société libanaise actuelle, où triomphent désormais la méfiance et le repli communautaire.

Maher Abi Samra compose à partir d'une série de témoignages une œuvre qui se détache progressivement de la forme documentaire pour dessiner un film mental, abstrait. Car au-delà de l'histoire intime des protagonistes, le cinéaste cherche à reconstituer son propre trouble, à mettre en scène ses contradictions.
À l'intérieur de ce film plateforme, il dépose des extraits de ses œuvres précédentes comme les traces d'années de réflexion sur son propre engagement.

Nous l'avons rencontré en marge de la projection de son film au Centre Pompidou, au cœur du festival Cinéma du Réel. Il nous parle de la relation au communisme de ceux que l'on nomma « la génération de 82 » et des sentiments contradictoires qu'entretiennent les résistants d'hier avec la résistance d'aujourd'hui, incarnée par le Hezbollah. Ou comment, en filmant ses compagnons en route vers leur village natal, il compose le poème mélancolique de la fin d'une utopie.

voir ici l'entretien de Maher Abi Samra

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Nous étions communistes de Maher Abi Samra
(2010 - Liban, France, UAE - 85 minutes - HDV)

Film présenté dans la compétition internationale
du Festival Cinéma du réel


Projection à l'Espace Khiasma le jeudi 31 Mars à 20h30
entrée Libre

réservez

lundi 28 mars 2011

ÉPOUSER STEPHEN KING 2


Tirage du 28 mars 2011 à Khiasma

C'est la géographie d'une situation. TOC. Au printemps. BOOM BOOM. Dans un monde en vrac. CRACK. L'espace est en chantier. TOC. Les cloisons sautent. BANG. Alors on est partout d'un tour de tête. Le regard embrasse un ensemble en bourgeons. Il fait beau même là où ça fait mal.TOC. À même le béton. CLACK. La carte du milieu est une carte de description. Une chose vide en son centre. Dans les yeux c'est léger comme une image. QUELQU'UN QUI SE RACLE LA GORGE est la carte d' un amour inconditionnel. Tiens. C'est pour toi. C'est maintenant. C'est rare. C'est cher. Ça saute aux yeux. Comme le visage de ceux qu'on a aimé jusqu'au crachat. En bas à droite se trouve la carte du contenu. Derrière les pupilles se maintient le dedans de ce visage. UN VIOLON SUR LE TOIT est une carte qui place la mémoire au dessus de tout. Un couvercle sonore. DANG. Sur le toit de l'immeuble. On ne saute pas. Mais on se dégage de tout le reste. Pour compliquer nous dirons que c'est un discours de cordes sur des étages d'expérience. TOC. En haut de QUELQU'UN QUI SE RACLE LA GORGE se trouve UNE PETITE MAISON NOIRE. C'est la carte de la direction à suivre. Allons. Ce n'est pas un objectif. C'est une tendance. Notre orientation souple pour la journée. C'est un enfant qui a les genoux noirs de résine. Cela suggère un mouvement du corps dans le temps. Avec l'intégration d'une posture qui sent le pignon. Cependant la pomme de pin nous colle aux doigts. En dessous de QUELQU'UN QUI SE RACLE LA GORGE se trouve la carte des outils dont nous disposons dans ce chantier. La perceuse-visseuse avec batterie intégrée. Le marteau. La poussière blanche. Qui est une saleté propre. Presque comestible. On ne perd pas la matinée à chercher une rallonge. L'ACHARNEMENT DANS LES RAYURES est un geste stylistique répété. La rayure impose ici une alternance de couleurs mornes. Caca d'oie/ beige. Jaune-triste/marron-raté. Dans cet acharnement nous choisissons entre la verticalité et l'horizontalité. Rayures debout. Rayures couchées. La carte posée à gauche de QUELQU'UN QUI SE RACLE LA GORGE nous indique ce qu'il faut laisser de côté aujourd'hui. Ou jeter définitivement. Que nous écartons pour bien faire. GENRE SPINOZA est de la famille des nèfles. C'est un fruit qu'il faut cueillir et consommer. Qui ne se garde pas. Ce n'est pas un fruit du commerce. L'ananas Del Monte. Ciquita la banane. Il reste inconnu des rayons du Franprix. À droite de QUELQU'UN QUI SE RACLE LA GORGE se trouve CHRÉTIEN DE TROYES. Qui évoque en même temps une croix et un cheval en bois. Cette carte nous indique ce qu'il faut rechercher. Ce qui manque. L'indication est mince et c'est du bois de récupération. La carte tout en bas à gauche nous donne un point de vue d'ensemble. ALAIN JUPPÉ n'est pas un fruit genre Spinoza. C'est une carte d'apparition. Un fantôme qui ne nous surprend plus. TOC. Nous regardons émerveillés une situation en mouvement. TOC. À genoux dans notre enfance. BOOM. CRACK. CLACK. DANG. La mémoire est un chapeau.

Barbara Manzetti


Épouser Stephen King / activations du 5 au 10 avril à Khiasma (festival Relectures XI)

dimanche 27 mars 2011

Relectures XI / EN PROJETS, une exposition qui n'a pas lieu d'être.



Ce n'était pas au programme mais, in extremis, une dernière proposition intègre Relectures XI.
Ça aurait été dommage, il faut bien l'avouer, de passer à côté d'une telle occasion. Il y a quelques temps, l'artiste Norbert Godon (qui a présenté sa Machine à verbes lors de la huitième édition de RELECTURES en décembre 2009) me parlait d'un projet d'exposition pour la revue de création en ligne Droit de Cités
L'énoncé en était des plus simples : rassembler des œuvres sous la forme d'énoncés, des œuvres restées pour une raison ou pour une autre à l'état de notes d'intention, de descriptifs.

Pour la onzième édition du festival Relectures à Khiasma, je me suis intéressé à des œuvres de cette nature qui existent sous la forme d'un texte – en tant que littérature ou dans des formes plus frustres - mais qui ouvrent à des possibles activations. Ces activations peuvent être de nature performative – c'est le cas avec la revue Véhicule- comme parfois plus simplement des mises en mouvement du texte par la lecture et le processus mental qui fait apparaître une image, une forme, une situation. Comme si le texte contenait une secrète promesse, une puissance cachée et ainsi que ce n'était pas tant l'image qui était latente (comme imaginé dans la proposition de Khalil Joreige et Joana Hadjithomas) mais bien le texte lui-même. Comme en attente d'une lecture. C'est-à-dire d'une certaine forme de présence. Donner de la présence aux textes pourrait bien être l'énoncé d'une politique littéraire à Khiasma. Une politique de la présence face au devenir fantôme de l'art et de la littérature. Donner corps. Faire face.

Pour revenir au passionnant projet de Norbert Godon, cette exposition qui n'a pas lieu d'être, trouvera finalement sa place à Khiasma sous la forme d'un accrochage lors du RELECTURES XI d'avril. Une exposition textes. Un mur de possibles, d'œuvres en attente d'apparition. De relectures.

Organisée en 6 parties (Mises en abyme, Listes en labyrinthe, Architectures mentales, Réalités fictions, Territoires sans lieu, Symboles et psychanalyse), cette exposition comporte des œuvres d'une vingtaine d'artistes dont Olivier Borneyvski, François Deck, Nicolas Aiello, Emmanuel Adely, Claire Dehove, Laurent Chambert, Severine Hettinger...)

> lire la présentation de l'exposition En projet


jeudi 24 mars 2011

ÉPOUSER STEPHEN KING 1



Tirage du 24 Mars 2011 à Khiasma

La carte centrale nous indique ce que nous percevons de l'extérieur. Le mur de la maison. Le crépi. Rouge. Blanc. Ce que nous voyons. Regarde ça. Qui n'a parfois rien à voir avec le contenu. Le fond. PATRICK est une carte de lumière. Mais ce n'est pas un ange. Loin de là. Ni un moment d'illumination. Une idée. La bonne. C'est plutôt une lampe de bureau. Voilà. Un éclairage de jardin. Lorsque nous tirons cette carte nous nous adressons de préférence à un professionnel pour mettre en lumière une situation. Publique. Intime. Tiens. J'appelle un éclairagiste. 06. 86. 59. 12. 91. Tout en bas à droite se trouve la carte du contenu. Le fond des choses. La farce. Ce que nous ne voyons pas forcément. Mais qui est là. Avec ce goût unique. Au fond du tiroir sous la boîte à couverts. ÉPOUSER STEPHEN KING. Ce n'est pas forcément épouser l'horreur. C'est accueillir l'espace d'un autre en soi. Cela peut-être un bonheur. Partagé. Le choix que nous faisons. D'être ensemble. La bague au doigt nous le rappelle chaque jour. La mienne est en or. Une chevalière ayant appartenu à un marquis. Au dessus de PATRICK se trouve la carte qui indique la direction à prendre. Ou le but. Si nous en avons un. Personnellement je me limite à garder une trajectoire. PAS DE GLACE PAS DE ROUES est une direction franche. Le mouvement n'est pas nécessairement rapide. C'est la voile. La brasse. Dans le pire des cas la rame. Avec les bienfaits de la rivière. Ou quelque chose comme la marche à pieds. Comme la vérité. Ça va. Ça va. Sans pour autant nous abandonner. En dessous de PATRICK se trouve la carte des outils. BRAS EN FLEXION JAMBES EN EXTENSION. Cette carte nous dit peut-être que la mort aussi est un outil. Ça a quelque chose à voir avec l'utilité de la fin. Passons. À gauche de PATRICK nous voyons la carte qui suggère ce qu'il faut écarter pour l'instant. Mettre de côté. Ou carrément jeter définitivement. La carte est UN VOILE NOIR. J'ai jeté le mien dans le canal. D'un geste. Sur mon visage. Il y quelque chose sur nous qu'il faut enlever. La carte à droite de PATRICK nous indique ce qu'il faut rechercher. Qui est peut-être déjà là. Mais que nous n'utilisons pas. Et TU CHOISIS LE POINT est un choix simple. Qui mène vers la possibilité d'une fin. Une pause. Une respiration. Par exemple entre le point et la virgule tu choisis le point. Alors la question de la ponctuation est définitivement réglée. Tu vois. TU CHOISIS LE POINT nous renvoie à BRAS EN FLEXION JAMBES EN EXTENSION qui est aussi une carte de finalité. Pour le corps. La dernière carte tout en bas à gauche donne une lecture globale du tirage. LE ROI DE MA GUEULE. C'est une carte d'excellence. L'excellence de tout ramener à soi. Avec une couronne par dessus. Le tirage dans son ensemble suggère un mouvement sur soi. Sorte de soubresaut. De petite secousse qui arrive comme une intuition. C'est un geste personnel. Frontal. Que nous faisons ensemble. Sorte de vis à vis. Devant une lampe allumée.

Barbara Manzetti

Epouser Stephen King / activations du 5 au 10 avril à Khiasma (festival Relectures XI)

mardi 15 mars 2011

Deux expositions en cours pour la vidéaste Sabine Massenet : Nanterre / Les Lilas

(Parcours en bus gratuit le samedi 19 mars 2011 en présence de l'artiste. Infos/resa : cliquez ici)

L'Espace Khiasma présente depuis le 10 février et jusqu'au 24 mars 2011 l'exposition "Image Trouvée", une installation de la vidéaste Sabine Massenet produite par Khiasma. Au coeur de ce dispositif, un film inédit : Image Trouvée (2011). Sabine Massenet y fait le portrait de 19 lecteurs originaires de Seine-Saint-Denis qui ont trouvé par chance une des 1500 cartes déposées au hasard des livres de différentes bibliothèques du département. Le film divisé en trois chapitres d'une heure environ nous invite dans l'intimité de ces lecteurs que Sabine Massenet filme avec beaucoup de sensibilité. Si le sujet principal de ces rencontres est la lecture et le rapport très personnel de chacun au livre, ces portraits sont aussi l'occasion pour chaque personne de revenir sur son histoire, ses origines, son enfance, la vie en résumé.

Au même moment la Galerie Villa des Tourelles à Nanterre présente une grande série de films réalisés par Sabine Massenet depuis 1999. Quatre d'entre eux sont présentés face à une autre série de films réalisés par la vidéaste Valérie Mréjen.
L'occasion de (re)découvrir le travail de Sabine Massenet en regard du travail d'une autre vidéaste française. Même si leurs pratiques artistiques se distinguent sur de nombreux plans, l'installation au centre de l'exposition permet de mettre à jour un point commun : la grande importance qu'elles donnent au langage, à l'écoute et au dialogue avec l'autre. Ceci dans des portraits sans effets qui nous renvoient systématiquement à notre quotidien.

La scénographie de l'exposition "Je comprends moi aussi le langage des oiseaux" qui se tient depuis le 8 février et jusqu'au 14 mai à Nanterre se déploie en trois parties.


1. La première est dédiée à la série de montages vidéo réalisés par Sabine Massenet à partir d'extraits d'images télévisés (publicités, soap opera, thriller) réalisés depuis 1999. Les séries "L'objet plus le désir" et "The End" et les films "Tears", "Quand votre cœur fait boum...", "Télévisions" et "Happy New Year" sont présentés en boucle sur 6 écrans de télévision qui forment un véritable bouquet télévisé. Face à cette installation le spectateur ressent une overdose d'images allant de la violence gratuite (thrillers américains) aux sentiments dégoulinants (extraits des Feux de l'amour) en passant par l'écœurement (publicités), ces sentiments étant renforcés par le montage extrêmement rythmé et saccadé des vidéos.
A ce mur d'écrans s'ajoute une série de neuf impressions sur toiles et broderie. Il s'agit d'images de films représentant le moment d'un coup de feu : l'éclat du revolver est repassé en broderie à la main provoquant un contraste frappant entre la violence et la délicatesse de ces deux gestes opposés.


2. De l'autre côté de l'espace d'exposition, une salle noire est consacrée à Valérie Mréjen. Y est projeté en boucle sa célèbre vidéo Pork and Milk (2004). Dans ce film documentaire de 52 minutes l'artiste réalise le portrait de jeunes israëliens qui relatent, face caméra, leur vie passée de juifs orthodoxes et le choix qu'ils ont fait un jour de la quitter pour vivre de façon laïque. Ils livrent ainsi au spectateur la part la plus intime de leur vie et les choix difficiles et radicaux qui l'accompagnent parfois.


3. Au centre de l'espace, entre les deux parties consacrées respectivement à Sabine Massenet et à Valérie Mréjen sont présentées en boucle et en vis-à-vis deux séries de vidéos. Huit réalisées par Mréjen entre 1997 et 2008 ; quatre réalisées par Massenet entre 1999 et 2006. C'est dans ce face à face que la forme et le fond de leurs travaux convergent et que le rapprochement de ces deux artistes devient presque évident. Les deux vidéastes filment des portraits d'enfants et d'adultes, amis ou inconnus. Ils content des souvenirs d'enfance, chantent des comptines, se répètent les mêmes histoires.
Avec entre autres : "Une noix" (1997), "Il a fait beau" (1999), "Portraits filmés" (2002) de Valérie Mréjen et "Je ne me souviens plus" (2002), "Téléphone arabe" (2004), "Juste une chanson" (2006) de Sabine Massenet.

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Sabine Massenet est née en 1958, vit et travaille à Paris. En savoir plus.
Valérie Mréjen est née en 1969, vit et travaille à Paris. En savoir plus.