lundi 29 novembre 2010

Over Game / Dans la neige




C'est peut-être aussi les chutes de neige qui nous influencent sans qu'on le sache. Quelque chose de polaire s'est installé au seuil de l'installation. Nous voilà avec un espace tout blanc pour ouvrir le dispositif Over Game. Un véritable « white cube ». Manière de poser une page blanche, de partir d'un état nu, abstrait, du hors texte, des pages qui précèdent parfois le titre. Un avant propos. Et d'entrer progressivement dans la matière du livre Ça tire.
On commence par du blanc avant que tout se remplisse, s'organise, que la matière perce la surface lisse, que ça pousse. On commence baigné de blanc et on finit dans le noir, devant un dos nu qui parle, suspendu dans le vide, un moment sensuel et obscur, un appel par l'embrasure d'une porte. Dans ces deux stations, il est toujours question de cinéma, de voir-dire des images, de penser des plans, de les imaginer au début sur un écran encore vierge, puis de les mettre à mort quand elles prennent enfin corps dans l'obscurité. Désir contradictoire qui tend le dispositif par ses deux extrémités.

samedi 27 novembre 2010

Over Game / Relectures




Après discussion, nous décidons de garder le « sol archéologique » sans le repeindre. Une exposition comme une relecture de la précédente, c'est à propos. Évidemment le sens se déplace, ce n'est pas une citation. On est maintenant dans le territoire vu du ciel – retour de l'histoire du point de vue. Bérengère installe ses piscines bleues, on baigne dans la Californie. Pendant que les mots s'infiltrent doucement un peu partout, on s'attaque au jardin, sauvage et artificiel à la fois, concret et peut-être aussi incertain, si possible.
Over Game du mardi 30 novembre au samedi 4 décembre de 20h à 23 h > en savoir plus et réserver ici

jeudi 25 novembre 2010

Vestiges




Alors que nous travaillons activement sur Over Game, des fantômes d'une histoire précédente émergent lentement de la peinture du sol. La colle du scotch utilisé par Marie Bouts et Till Roeskens pour tracer leur carte mentale a réagi avec la glycéro et remonte à la surface. On n'avait pas besoin de ça. Nous voilà obligés d'appliquer de l'acétone partout sur le sol fraîchement repeint. Un peu pénible quand même. Avec Alexis Fichet, nous (re)découvrons les territoires de l'exposition Pistes, devenus vestiges, traces. C'est notre petit plaisir. Dans un dernier effort nocturne, nous voilà transformés en archéologues.

mercredi 24 novembre 2010

Game, au delà de / 2


L'écriture de Game est aussi une question de point de vue. En en discutant avec Bérengère Lebâcle et Alexis Fichet, cela devient très clair. Il s'agit de dire des choses mais aussi de dire d'où on les dit, d'où on les perçoit. C'est l'un des enjeux dont j'ai tenté de me saisir avec les propositions typographiques de ce projet. J'ai fabriqué pour l'essentiel des jeux de distance - qui sont aussi des jeux d'activation de la lecture par rapport à la position du spectateur. Cela croise l'univers médical - le kiné- qui habite le texte original de Game et auquel Bérengère donne une nouvelle incarnation dans la performance. Certaines autres propositions jouent plus volontiers sur l'invisibilité, le jeu de révélation, la phrase cachée qu'il faudra trouver quelque part. La performance (re)jouera l'espace, ce qui offre la possibilité d'y cacher des choses. Je dis à Alexis : "La référence absolue pour moi c'est la scène de la série Twin Peaks de David Lynch lorsque l'inspecteur trouve en auscultant le cadavre de Laura Palma une lettre coincée sous son ongle".

lundi 22 novembre 2010

Avec ou sans Game, au-delà de / 1



J'écrivais, il n'y a pas si longtemps (ici) que la poésie de Jérôme Game était indissociable de sa scansion, de son art de l'insert, de la découpe de la lettre. Petite mécanique de précision qu'il fallait savoir entendre. Ce n'était pas un jeu, c'était mettre les organes dehors, mobiliser toutes les circulations du corps, les matières invisibles de l'anatomie et les regarder en train de faire ce qu'on entend ou bien essayer de les nommer en même temps qu'elles actionnent – en secret- ce qui est dit. Allez à la source de l'acte de dire -mécanique et symbolique en même temps, d'où l'embouteillage, d'où le trop-plein, le débordement, le besoin d'en sortir par blocs, de pousser tout ça dehors au plus vite, qu'on voit ce que c'est. Et en même temps, de l'épuiser à le dire, de le rendre mort et de sans cesse devoir le réanimer.

Over Game est une tentative, une forme au-delà de Game – mais avec sa complicité-, qui ouvre sa poésie dans l'espace et qui l'essaye à d'autres mécaniques. Bérengère Lebâcle est de celles-ci. Elle porte des extraits de « ça tire », y introduit sa voix – ou sa voix est introduite par ce texte car il y a clairement effraction quelque part. Ça tire donc, ça s'arrête près de la ligne, ça déclenche, ça creuse. C'est du Game sans Jerôme mais avec beaucoup d'autres corps vivants ou inertes.

Nous y voilà, l'espace est presque blanc, les peintres recouvrent les vestiges de l'instant d'avant. On va pouvoir commencer quelque chose qui n'a pas vraiment de début, ni de fin. On pense qu'il y aura une sourde idée de fête passée, des vestiges glacés, un désordre imperceptible des choses, un léger décadrage. Tout sera presque à sa place mais en mouvement, en train de glisser.

Over game du 30 novembre au 4 décembre à l'Espace Khiasma Une proposition artistique d'Alexis Fichet et Bérengère Lebâcle avec la collaboration d'Olivier Marboeuf et du Laboratoire Associatif d'Art & Botanique.
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